Je voulais initialement commenter le post de @DniMan, mais jâai finalement prĂ©fĂ©rĂ© Ă©crire un nouveau post pour rĂ©pondre et lancer une nouvelle discussion. Le titre est assumĂ© â il fait rĂ©fĂ©rence Ă un ouvrage dâĂric Raymond, mais je vais essayer dâexpliquer justement en quoi ce bazar fait partie du systĂšme. Je sais que le public ici est trĂšs âtechâ et je ne vais peut-etre redire que des Ă©vidences, mais lâexercice de poser tout ça en mot nâen reste pas moins intĂ©ressante :)
Dâabord câest quoi Linux ? Si je devais prendre une image, ça serait ça :
(source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lego_dimensions.svg?uselang=fr) concrĂštement, avec linux seul, on ne fait pas grand-chose. Mais on peut âplacerâ linux dans des contextes qui nâont rien Ă voir : les tĂ©lĂ©phones android utilisent linux, le serveur faisant tourner lemmy.world aussi ou le PCâŻĂ partir duquel je suis en train dâĂ©crire ce message.
En quoi câest diffĂ©rent ? La rĂ©ponse nâest pas du cotĂ© de la technique (les dimensions de la brique de Lego pour reprendre mon image), mais dans lâĂ©cosystĂšme qui gravite autour. Les dimensions de la brique Ă©tant publiques, il y a eu plein de projets qui lâutilisent dans leurs constructions, au point dâavoir aujourdâhui suffisamment dâapplications pour tous les usages du quotidien. Et câest lĂ oĂč câest le bazar !
Certaines applications sont lâhĂ©ritage dâune Ă©poque oĂč linux nâexistaient pas encore :
Dâautres sont lĂ pour juste pour un besoin spĂ©cifique, mais ont Ă©tĂ© jugĂ©es suffisamment intĂ©ressantes pour ĂȘtre utilisĂ©es par dâautres (par exemple les Ă©conomiseurs dâĂ©crans qui se lancent sur tous les PCâŻde bureaux proviennent dâun site qui sent bon le siĂšcle passĂ©), et il nây a pas vraiment dâhomogĂ©nĂ©itĂ© dans tout ça, chacun peut y aller comme il veut.
Les distributions sont un moyen de mettre un peu dâordre dans tout ça : il sâagit dâun pack de briques, dĂ©jĂ sĂ©lectionnĂ© pour les besoins courants. Par exemple Debian est disponible avec plus de 50.000 paquets diffĂ©rents, Buildroot fourni plus de 2.500 applications. Certaines sont incompatibles entre-elles et ne peuvent pas ĂȘtre installĂ©es ensemble, dâautres ne sont utilisĂ©es que par une dizaine de personnes dans le monde. Le but nâest pas dâĂȘtre exhaustif, mais seulement de fournir un cadre commun. Ces distributions ne peuvent exister quâĂ une seule condition : il faut que les auteurs aient autorisĂ© la diffusion de leurs logiciels (sinon ça serait juste du piratage et le systĂšme nâexisterait plus). Câest rempli par la licence GPL, qui donne le droit a tout le monde dâaller rĂ©cupĂ©rer le code source, le modifier, et le rediffuser Ă sa sauce.
Cela donne parfois lâoccasion dâavoir des situations intĂ©ressantes : lâapplication XMMS (qui Ă©tait une reprise de Winamp pour Linux, en 1997), a Ă©tĂ© ensuite modifiĂ©e par un autre dĂ©veloppeur pour devenir Beep Media Player, qui est devenu Ă son tour BMPx et Audacious (qui existe encore aujourdâhui).
Un autre exemple vient de XFree86, qui est apparu avant que Linux nâexiste, et Ă©quipait la totalitĂ© des bureaux lors de sa grande Ă©poque. LâĂ©quipe de dĂ©veloppement changea les conditions de diffusion, ce qui rendait lâapplication incompatible avec une intĂ©gration dans les distributions grand-public. TrĂšs vite, le code initial fut repris, modifiĂ©, et est aujourdâhui remplacĂ© par une autre application rĂ©pondant au mĂȘme besoin.
Il nây a donc pas un standard, mais pleins de standards qui gravitent les uns autour des autres et cohabitent ensemble. (JâĂ©cris ces notes dans Zim, qui utilise sa propre syntaxe, inspirĂ©e de DokuWiki, elle mĂȘme inspirĂ©e deâŠ) Des applications qui Ă©taient utilisĂ©es il y a plus trente ans (et devenues standard) cohabitent avec des applications utilisĂ©es par a peine une poignĂ©e dâutilisateurs, et tout ce monde Ă©volue au quotidien.
Comment on sây retrouve ? pour commencer, il faut commencer par rester dans le standard. Jâai du plus haut que debian avait plus de 50.000 paquets diffĂ©rents, câest largement suffisant pour couvrir ses usages au quotidien. Il y a des outils pour nous guider dans lâinstallation et nous permettre dâobtenir un systĂšme qui fonctionne sans se poser de question. Laissons aux gestionnaires de debian choisir dâinclure tel ou tel logiciel. Ă notre niveau, nous ne sommes que des utilisateurs. Ensuite se laisser le temps. On peut dĂ©sinstaller gnome et utiliser ratpoison, mais vous pourrez trĂšs bien vivre sans (et si vous en arrivez lĂ , je nâai plus rien Ă vous apprendre). Câest comme tout, on peut trĂšs bien vivre en Ă©tant un simple utilisateur, puis de lâutilisateur Ă lâamateur, mais cela ne se fait pas tout seul. Je pense quâune distribution grand public est aujourdâhui suffisamment gĂ©nĂ©raliste pour ĂȘtre utilisĂ©e autant par quelquâun qui installe le systĂšme pour la premiĂšre fois quâun expert ayant installĂ© Kheops il y a 25 ans !
Tout ça pour dire que oui, câest le bazar, mais ça a toujours fonctionnĂ© comme ça (et câest qui fait que lâon fini par avoir le systĂšme qui nous correspond).
Câest vrai, il est trĂšs bien ton post. Jâaime beaucoup :D Et pour revenir aux packages, je pense que ce sera finis et quâon passera tous au flatpak, appimage et snap, une fois quâils auront amĂ©liorĂ© le systĂšme de sandbox. Yaura plus le problĂšme dâapp incompatibles parce que sous Ubuntu ils ont enlevĂ© la librairie 32 et passer au tout 64 (cf : steam et les jeux rĂ©tro), ou que ça rentre en conflit avecâŠ
Cependant, ce nâest pas encore fini. Par exemple, si on utilise lâextension Keepass, (qui sert Ă communiquer avec le gestionnaire de mot de passe Keepass) sur Firefox et que Firefox est un flatpak ;et bien comme keepass et firefox sont sandboxĂ©s, les deux logiciels ne peuvent pas communiquer entre-eux. Donc tu ne peux pas utiliser les MDP de Keepass. Il faut lui ajouter un composant qui dĂ©vĂ©rouille tout ça.
Pour certaines choses, on peut le faire avec Flatseal qui est gĂ©nial. Je peux dire au logiciel flatpak, tu as accĂšs à ça et ci, en revanche ceci non. Et câest avec Flatseal que jâai permis Ă Firefox de dĂ©tecter ma Yubikey, une clĂ© de sĂ©curitĂ©. Bon aprĂšs je comprends pas toutes les options : mĂ©moire partagĂ©, socket et je suis en train dâĂ©tudier ce que cela signifie.
Et totalement dâaccord avec ta belle conclusion mais je trouve que les OS proprio sont bien car ya quâune seule option et donc moins de risques et ça simplifie le developpement je crois. Disons que ça calme les aventuriers. :D