Les dieux sont petits.
Celui des chaussures adore les piles de boîtes en carton.
J’en ai assemblé des pilastres à escaliers, les offrandes au sommet. S’IL me voyait, s’IL me voyait vraiment, IL saurait que je trompe en faisant semblant d’avoir encore du stock à rentrer. Le dieu de l’agroalimentaire lui, me laisse glisser des tartelettes ou des salades fraîcheur sous ma veste à midi. Je les mange en contemplant les camions qui déchargent sur les quais.
Autrefois les divinités raffolaient d’épis de maïs. Aujourd’hui nous leur rendons gloire au badge magnétique.

Les dieux sont pressés. ILs ont des intermédiaires, ILs délèguent.
En sortant des toilettes je croise le manager jamais content. Qui parle au nom de, me dit qu’une autorisation pour aller faire pipi est obligatoire. Il voudrait que je baisse les yeux, se prend pour demi-déité. Il confond les noms des employé⋅es et m’appelle Gabarit.

Est-ce que les dieux sont légers aussi ?
Au prêt-à-porter, Charlotte dit que le sien lui parle. Pas de vêtements. Elle dit que si on lève les yeux au-delà des rails de luminaires, on peut voir le faux plafond comme la surface d’une grande piscine qui nous recouvre.
Parfois au lieu de bosser j’attends de voir si les plaques ondulent au-dessus de nous.